01 Janvier – 2024-2025 Soutenance de Thèse de Christophe Delavergne

01 h

Christophe Delavergne, doctorant du laboratoire CeDS, soutiendra sa thèse Diffusion et réception des réformes dans les institutions éducatives : le cas du travail collectif dans l'enseignement secondaire le lundi 30 octobre à partir de 13h30, dans l'amphithéâtre Denigès.

 

Résumé : Depuis la fin des années 1980 et les premiers mouvements de déconcentration de l’action publique, le travail collectif est devenu un élément clé des directives institutionnelles (Dupriez, 2015). Cette injonction à « travailler en équipe » est, d’ailleurs, apparue dans de nombreux domaines du secteur public (universitaire, hospitalier, etc.) dans la continuité du développement de la nouvelle gestion publique. En éducation, le travail en équipe constitue ainsi un espace de médiation entre le cadre institutionnel élaboré au niveau national et les spécificités locales des contextes d’enseignement, censé initier une dynamique et construire une cohérence dans le projet éducatif des établissements scolaires. Pourtant, s’il est inscrit dans le projet politique et plébiscité par les enseignants de l’enseignement secondaire, il est difficilement observable dans leur activité quotidienne. Ce constat constitue le point de départ de cette thèse qui propose d’interroger la manière dont les injonctions adressées aux enseignants à travailler ensemble diffusent au sein la noosphère éducative, afin de comprendre ce qui détermine l’importante variabilité des manières dont les professeurs investissent les pratiques collectives. Plus largement, ce constat rejoint la problématique du couplage entre les politiques éducatives et les pratiques des acteurs du système scolaire déjà documentée (Fassia-Recrosio et Bataille, 2019). L’enjeu est alors de proposer un modèle hybride d’analyse des rapports entre politique et pratiques, s’inscrivant au croisement des théories relatives à la modélisation des systèmes complexes, de la sociologie de l’action publique et de l’anthropo-didactique, de manière à conduire une analyse croisée des conditions de diffusion des prescriptions au travail collectif par les personnels d’encadrement et des conditions de leur réception par les enseignants. Cette thèse fait clairement apparaitre des combinaisons de logiques – parmi lesquelles, les convictions quant aux enjeux pédagogiques du travail collectif (logique axiologique), les dispositions liées à l’avancement dans la carrière et à la formation (logique identitaire) ou les spécificités épistémologiques des savoirs enseignés (logique disciplinaire). Ces combinaisons constituent la trame de la description des conditions de réception des injonctions ministérielles et permettent de rendre compte de l’engagement différencié des professeurs dans les pratiques collectives. L’analyse de ces combinaisons Delavergne C. permet de dégager des modalités spécifiques d’interactions (convergence, divergence, interdépendance) entre les différents acteurs du système scolaire et fait apparaitre des configurations spécifiques favorisant ou contraignant le développement du travail collectif. L’écosystème des professionnels et le caractère résolument dynamique des logiques pratiques apparaissent comme des dimensions centrales pour comprendre les ressorts de l’hétérogénéité et de l’évolution de l’engagement des professeurs au sein des collectifs de travail. En outre, à travers la perception des acteurs scolaires, une série de facteurs structurels a été mise en évidence et renseigne sur la culture de l’institution scolaire : gestion bureaucratique, verticale et centralisée de l’action éducative empêchant l’autonomie affichée au niveau local, structuration hiérarchique des rapports professionnels, discontinuités des orientations politiques, manque d’accompagnement sur le temps long, etc. Ces facteurs contrarient le développement local de dynamiques collectives pérennes et contribuent à creuser le fossé entre les enseignants, l’encadrement intermédiaire et l’administration centrale. À l’issue de ce travail, des perspectives sont néanmoins dessinées afin de penser, de manière plus prospective, l’émergence de modalités intermédiaires de régulation collective des pratiques professionnelles. 

Mots-clés : travail collectif ; politique éducative ; changement ; pratiques enseignantes ; nouvelle gestion publique. 

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