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2020-2021

Faire dialoguer pensée critique et expertise dans le contexte contemporain de la recherche en éducation (I)

Deuxième volet du séminaire thématique du CeDS, organisé par J. Tourneville et C. Roiné

Présentation

L'orientation contemporaine de la recherche en sciences sociales sollicite de plus en plus les équipes de chercheur.e.s pour une mission explicite d'expertise et de conseil, susceptible d'"éclairer" l'instance commanditaire (le plus souvent en lien avec les pouvoirs publics). Les appels d'offre précisent par exemple en quoi et comment l'équipe de recherche sera amenée, au terme de son étude, à générer conseils, avis et autres recommandations. On comprend aussi à quel point la recherche sera d'autant mieux subventionnée qu'elle répondra, sur des projets ciblés, à ces demandes. Certes, cela n'est pas nouveau (voir par exemple les travaux de Bruno Latour) mais une certaine exacerbation de la commande en expertise semble à l’œuvre depuis les dernières années (voir les travaux d'Isabelle Stengers).

Dans ce contexte, la pensée (ou la posture) critique est-elle encore possible ? En premier lieu, à quoi correspond-elle dans le champ de la recherche en éducation ? Recouvre-t-elle plusieurs formes ? Lesquelles ? Comment concilier posture critique et expertise ? Cela est-il possible ?

CeDS poursuit l'organise de ces séminaires sur l'année 2021-2022. Des conférencières et conférenciers tenteront d'apporter des éléments de réponse, dans leurs champs de recherche respectifs. Les séances seront organisées en deux temps : un temps de conférence, et un temps de débat réglé.

Ces séminaires, ouverts aux chercheur.e.s, docteur.e.s, doctorant.e.s et étudiant.e.s de M2, se dérouleront en format hybride.

3 mai - Patricia Bessaoud-Alonso : Penser l'institution familiale contemporaine : entre continuité et ruptures

Séminaire "Penser l’institution familiale contemporaine "

 

animé par Patricia BESSAOUD-ALONSO

 

La famille peut être considérée comme une institution dans les relations qu’elle entretient avec les institutions éducatives, sanitaires et sociales. De la même manière, elle est traversée par une histoire – collective, individuelle –, des affects, des tensions, une hiérarchie, une organisation. Elle est en mouvement constant et se transforme dans une temporalité et spatialité données à travers les liens visibles et invisibles qu’elle maintient dans le temps. Le rôle de la famille est à toute époque et dans toutes configurations sociales, un enjeu : enjeu politique, enjeu généalogique, enjeu de sexualité (Lenoir, 2003). La famille contemporaine s’inscrit dans des enjeux de société identiques et autres que ceux des siècles précédents. Plus individualisée, multi-configurée, elle reconnait la place de chacun dans ses constructions sociales et subjectives. Pour autant, les enjeux de transmission, de reconnaissance sociale, de place dans l’institution familiale et dans les relations aux institutions qui participent à son environnement, restent très complexes.
La famille est une institution politique. Elle fait l’objet d’une cohorte de dispositifs de politiques publiques qui se sont construits pas à pas – politique familialiste et nataliste, politique familiale, politique de parentalité. Ces politiques d’institutionnalisation du champ politique de la famille distribuent, régulent, contrôlent, protègent les familles à la fois dans une dimension universelle et de manière très ciblée vers celles qui semblent les plus vulnérables. Le glissement en France de l’usage de parentalité à celui de famille marque un autre moment de la responsabilisation parentale. C’est en quelque sorte une politique qui implique l’injonction du parent responsable face aux enjeux éducatifs et sociaux.
Par conséquent, comment le basculement de l’usage de la notion de parentalité produit-il du sens pour les familles, les professionnels, les politiques publiques ? Que signifie être parent aujourd’hui et dans quelle famille ?

Patricia BESSAOUD-ALONSO
PU, Université de Limoges, UR FrED

Public : Enseignant.e.s chercheurs.ses, docteur.e.s, doctorant.e.s, étudiant.e.s M2
Lieu : En distanciel (Lien Zoom : https://u-bordeaux-fr.zoom.us/j/88523911392)

15 avril : Christophe Roiné : La critique en éducation est-elle devenue un conformisme ? »

 


En suivant les pas de Michel de Foucault notamment, nous interrogerons ce qu'il est convenu de nommer "la critique" en référence au "moment moderne" qui a vu éclore les discours et dispositifs éducatifs.  A l'aune de ces présupposés, il nous faudra interroger plus avant ce qui ressort de la critique en éducation, de ses stéréotypes et autres truismes comme de ses potentielles fictions subversives.

Christophe Roiné : MCF, HDR en sciences de l’éducation, laboratoire CeDS, Université de Bordeaux

 

 Public : Enseignant.e.s chercheurs.ses, docteur.e.s, doctorant.e.s, étudiant.e.s M2
Lieu : en ligne (Lien Zoom : https://u-bordeaux-fr.zoom.us/j/82922924938)

25 mars - Jeanne Bilodeau et Gustavo Barallobres : « Étude critique de l’efficacité en éducation : une théorisation de l’autonomie en classe de mathématiques »

Séminaire "Étude critique de l’efficacité en éducation : une théorisation de l’autonomie en classe de mathématiques"

 

animé par Jeanne BILODEAU & Gustavo BARALLOBRES

 

Cette intervention a pour objectif de présenter les résultats d’une étude critique des discours scientifiques québécois promouvant l’efficacité en éducation à partir d’un positionnement théorique issue de la théorie de l’autonomie de Cornelius Castoriadis et de la théorie des situations didactiques. La démarche méthodologique adoptée propose un travail d’interprétation critique visant la confrontation de courants théoriques influents dans le champ de la recherche en éducation.
Envisageant l’activité de création des élèves comme constitutive du développement de leur autonomie dans l’institution de la classe, l’analyse critique vise à montrer que le paradigme de l’efficacité en éducation, et sa promotion de pratiques pédagogiques telles que l’enseignement efficace, participent d’un processus d’aliénation par lequel les sujets qui contribuent aux institutions didactiques ne peuvent reconnaître les connaissances mathématiques élaborées comme le produit de leur propre travail, ce qui les maintient, de fait, dans l’hétéronomie.

Jeanne Bilodeau : étudiante au doctorat en éducation, Université du Québec à Montréal 
Gustavo Barallobres : professeur à la faculté d’éducation, Université du Québec à Montréal

 

Public : Membres du laboratoire et étudiant.e.s de Master
Lieu : en ligne (Lien Zoom : https://u-bordeaux-fr.zoom.us/j/81149470281)

28 janvier - Stéphanie Vandentorren : « Limites et biais de l’expertise dans la recherche en épidémiologie sociale et environnementale : quelle place pour la pensée critique ? »

Séminaire "Limites et biais de l’expertise dans la recherche en épidémiologie sociale et environnementale : quelle place pour la pensée critique ?"

animé par Stéphanie VANDENTORREN

 

L’expertise est une zone hybride entre sciences et politique qui n’a ni de réel statut ni de définition clairement établie. Le rôle donné aux comités d’experts est de donner une réponse « scientifique et neutre » sur une question posée dans le champ technique, social, politique. Cette attente me questionne pour plusieurs raisons que j’illustrerai par des exemples issus de mon parcours professionnel dans les champs de l’épidémiologie environnementale et/ou sociale.
D’une part, la « surspécialisation » souvent inhérente à l’expertise qui est par nature restreinte à un champ de connaissances délimité, entrave la compréhension des enjeux dans leur globalité, et la compréhension des phénomènes au travers de leurs interactions. La façon de poser la question, les critères de sélection des experts, la méthodologie employée et les résultats attendus – souvent par consensus – peuvent également générer des biais, plus ou moins conscientisés vis-à-vis d’une procédure pensée comme scientifiquement neutre.
D’autre part, l’expertise est plus facilement reconnue quand elle répond à une demande politique, plus facilement décriée quand elle produit des résultats remettant en cause un modèle dominant ou normatif. L’indépendance de l’expertise est contestable dans bien des domaines, et malgré un certain nombre de règles notamment vis-à-vis des conflits d’intérêt, elle reste très proche des sphères de pouvoir et obéit aux règles de domination du savoir. Les processus d'expertise sont contraints par un impératif de résultat: produire un avis qui puisse être directement mobilisé par la puissance publique. L'objectif sur-détermine la procédure, laissant peu d'espace à un questionnement réflexif sur le contexte de l'expertise ou le rôle de l'expert. La procédure d'expertise est encadrée par une surenchère de règles, protocoles, et codes qui laissent finalement peu de liberté scientifique à l'expert pour réfléchir au sens même de son activité. Cette expertise peut également prendre la forme d’un certain paternalisme, soulignant une dichotomie entre le sachant et le non-sachant qui creuse une fracture sociale nette, qui peut à son tour alimenter la méfiance et la perte de confiance envers l’expertise.
Par ailleurs, la précarisation de la recherche, son mode de fonctionnement de plus en plus lié au modèle économique libéral via les modes de financements ou de publications peuvent engendrer une polarisation des chercheurs vers la gestion de ressources et le management de la recherche plus que sur l’objet de la recherche lui-même. Son mode de fonctionnement souvent compétitif ne permet pas toujours d’offrir les conditions d’une expertise collective, qui devrait par nature être débattue et questionnée.
Ces modèles ont montré leurs limites. Avec les crises sanitaires et les questionnements qui en découlent, l’expertise s’ouvre sur un nouveau champ. Les savoirs expérientiels sont de plus en plus pris en compte, et le partage de savoirs s’amplifie avec les open- data. Il devient donc plus que jamais nécessaire, voire crucial de développer la pensée critique, et ce dès le plus jeune âge pour lutter contre la crise de confiance envers la science, prélude à une crise sociétale plus profonde.  

Stéphanie VANDENTORREN
Bordeaux Population Health
 

Public : Enseignant.e.s chercheurs.ses, docteur.e.s, doctorant.e.s, étudiant.e.s M2
Lieu : En distanciel (Lien Zoom : https://u-bordeaux-fr.zoom.us/j/83960992164)

Séminaires de travail

Cette année, trois projets ont été travaillés en interne : POP-in-EAC, Cités éducatives et Pédagogie universitaire. Les séances, internes, on eut lieu en comité restreint.

11 mai - Camille Ricaud : « Les Cités éducatives : rationalité économique et managériale d'une "démarche" »

Séminaire du projet de recherche "Administrer l'éducation - Cités éducatives"

Les "Cités éducatives" : rationalité économique et managériale d'une "démarche"."

animé par Camille Ricaud

La présentation aurait pu s’intituler : de quoi la « démarche » des Cités éducatives est-elle le nom ? C’eut été sans doute trop ambitieux mais il semble important de réfléchir au paradigme qui la sous-tend, ou, pour paraphraser Michel Foucault, au paysage intellectuel sur lequel a pu naître cette idée. Pour ce faire, nous nous attacherons à montrer le dénominateur commun qui existe entre la « démarche » des Cités éducatives et la commande du CNOE sur la « gouvernance » ; ce dénominateur étant la rationalité managériale, trop souvent confondue avec la rationalité économique, trop souvent amalgamée avec la problématique de la diffusion du néolibéralisme, malgré les liens que ce dernier entretient avec le management.
Par un bref détour historique de la notion, nous verrons que la gouvernance est l’autre mot d’une rationalité managériale, qui se diffuse depuis longtemps discrètement et dont nous définirons les principales caractéristiques. En guise d’exemple, nous évoquerons le contenu du dernier rapport de l’INJEP de février 2021 comme symbole et symptôme de cette rationalité. Nous ferons également une rapide comparaison avec le secteur de la santé dont les réformes gestionnaires récentes présentent des similitudes avec la « démarche » des Cités éducatives : la logique de « parcours » de soin du patient a semblé préfiguré la logique de « parcours » éducatif de l’enfant, signe de la diffusion de la rationalité managériale dans toutes les sphères de la société.
Le but de cette communication est de permettre la discussion inter pares sur l’impact que peut avoir le management dans le champ de l’éducation, sur ce que pourrait être l’objet de cette recherche ou encore sur les phénomènes que nous voudrions observer sur le terrain.

Camille Ricaud est MCF à l'Université de Pau en sciences de gestion membre du laboratoire LIREM et du collectif de travail sur les Cités

Public : Enseignant.e.s chercheurs.es, docteur.e.s et doctorant.e.s
Lien Zoom : https://u-bordeaux-fr.zoom.us/j/84880631693?pwd=NkVYejZ2YmRKUkVyN0x2akZJdEFzdz09

6 avril - Sylvain Bordiec et Julie Pinsolle : projet "Cités Éducatives", séminaire méthodologique

26 mars - Christophe Roiné et Marteh-Aline Jutand : Pédagogie universitaire

11 février - Marie-Pierre Chopin et Jérémy Sinigaglia : projet "POP-in-EAC", séminaire de lancement

1er séminaire du projet de recherche POP-in-EAC

 

coordonné par Marie-Pierre Chopin et Jérémy Sinigaglia

Présentation
1er séminaire du projet de recherche POP-in-EAC ("production des POlitiques Publiques de l'Education Artistique et Culturelle"). Ce projet est soutenu par le réseau inter-MSH sur les 2 années à venir. Le séminaire aura lieu à Strasbourg. Là encore, il est ouvert à tous les membres du CeDS dont les étudiants de M2 et pourra aussi être suivi à distance. Le séminaire sera consacré à la présentation du projet POP-in-EAC et à sa discussion par Mme la Professeure Marine de Lassalle, professeure de sociologie politique et directrice du laboratoire SAGE de l'Université de Strasbourg. Il accueillera ensuite deux conférenciers (Guillaume Sintès et Patrick Germain Thomas) sur la question de la contribution des artistes, pédagogues et associations à la production des politiques d'EAC (dans le domaine de la danse en particulier ici). Le programme est en pièce jointe, ou ici.
 

Programme :

10h-11h : présentation du projet Pop-in-EAC par Marie-Pierre Chopin (professeure des universités en sciences de l’éducation, CeDS, Bordeaux) et Jérémy Sinigaglia (maitre de conférences en science politique, SAGE, Strasbourg), discussion par Marine de Lassalle (professeure des universités en sociologie, SAGE, Strasbourg)

11h-13h : Artistes, pédagogues et associations… des contributeurs à la production des politiques d’éducation artistique dans le domaine de la danse
Avec les contributions de :
- Guillaume Sintès (maitre de conférences en danse, ACCRA, Strasbourg)
- Patrick Germain Thomas (professeur d’économie et de gestion, Chambre de commerce et d’industrie de Paris)

14h-17h : Politiques, professions et pratiques de la diffusion des arts et de la culture
Présentation et discussion des travaux d’étude et de recherche des étudiant.es du Master 2 « Politique et gestion de la culture » de Sciences Po Strasbourg.

Public : Enseignant.e.s chercheurs.es, docteur.e.s et doctorant.e.s, étudiant.e.s Master

2 février - Sylvain Bordiec et Julie Pinsolle : projet "Cités Éducatives", séminaire méthodologique

5 janvier - Sylvain Bordiec et Julie Pinsolle : projet "Cités Éducatives", séminaire de lancement

Séminaires méthodologique

15 mars - " la cartographie du web "

Séminaire méthodologique « la cartographie du web »

 

animé par Camille Croizier

Ce séminaire propose de présenter, en s’appuyant sur une recherche de doctorat menée sur les phénomènes de l’abandon de carrière et de vocation tardive dans l’enseignement, une méthode peu employée en Sciences de l’éducation, celle de la cartographie du web.
La cartographie du web s’appuie sur la théorie des graphes et l’étude des réseaux. Elle vise d’une part, à identifier les différents sites, pages et plateformes (acteurs) qui composent un champ thématique sur le web et d’autre part celle de leurs structures relationnelles (liens) en les exposant sous forme de dessins de données. La cartographie du web découle de l’idée que les liens créés sur le web entre différents acteurs (nœuds) peuvent être considérés comme des liens sociaux.
Plus particulièrement deux types d’outils seront présentés :

  • Deux Crawler, SEO Quake et Moz Bar : Robots d’explorations automatisés dont les fonctions sont de collecter, l’ensemble des résultats (pages et sites) proposés par un moteur de recherche, les liens hypertextes relient ces sites et pages, ainsi que l’ensemble des métriques (unités de mesure visant à définir la qualité d’une page ou d’un site web) associées à ces pages.
  • Gephi :  logiciel de visualisation de ces données.

 Public : Enseignant.e.s chercheurs.ses, docteur.e.s, doctorant.e.s, étudiant.e.s M2
Lieu : en ligne (Lien Zoom : https://u-bordeaux-fr.zoom.us/j/82126500027)